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Les hommes, les lions, les aigles et les coqs de bruyère, les cerfs aux vastes bois, les oies, les araignées, les poissons muets qui vivent dans l’eau, les étoiles de mer et tous ceux que l’oeil ne pouvait voir – en un mot, toutes les vies, toutes les vies, toutes les vies, leur triste cycle accompli, se sont éteintes… Dans les prés, les grues ne s’éveillent plus en criant, on n’entend plus les hannetons de mai dans les bois de tilleuls.
…
La conscience des hommes s’est fondue avec les instincts des bêtes
…
Dans l’univers, rien ne reste constant, inchangé..
Extraits de La mouette.
Anton Tchekhov
Evren Yildirim est venu à la sculpture céramique par un chemin intuitif, en se laissant guider par sa recherche au delà de sa formation en art dramatique puis sa découverte de la cérémonie du thé, attiré tout d’abord par la théâtralité puis son hommage à la nature et à l’art.
Fasciné par les objets céramiques utilisés lors du rituel dont il apprécie le rapport direct, profondément enracinée dans la saisonnalité et la philosophie. La rencontre avec la poésie du geste et la sensibilité des artisans de la matière. Tous les liens invisibles qui relient les participants dans l’espace aux arts représentés inspirent durablement sa vision.
Il rencontre l’artiste Yoshimi Futamura et approfondit sa maîtrise des techniques céramiques tout en développant une approche personnelle. Ses œuvres explorent le vivant et la résonance de la matière par sa transformation : la vitalité de la terre, l’impact du geste humain et des récits imaginaires qui naissent dans un monde en mutation. À travers la terre et le feu, il questionne l’interaction entre nature et création, notamment autour de la série Adventive, où il imagine des formes organiques évoquant de nouvelles espèces évoluant dans un environnement post-humain.
Ses pièces se caractérisent par une tension entre fragilité et énergie tout en engageant un dialogue poétique avec l’espace et le spectateur qui les contemple.
Evren décrit ainsi sa démarche :
« Il m’est difficile de définir avec précision ce vers quoi je tends. Ce qui m’intéresse dans le processus de création est de me laisser guider au travers de l’expérimentation, laisser libre cours à l’inconscient, chargé de mes expériences et informations sur le monde et infuser au réel de nouvelles tentatives. J’aime l’idée de matérialiser un interstice dans l’espace, qui le transforme, et dialogue avec celui qui se meut autour pour à son tour, peut-être, réinventer mentalement une dimension qui lui est propre. »
Le concept de résonance comme relation dynamique entre l’individu et le monde où se crée un échange mutuel, transformateur, offre cette idée qui trouve écho dans le processus céramique. La matière agit comme un médium d’interaction. Au travers de sa recherche Evren tend à susciter cette résonance. Produire une connexion sensible entre le vivant, la forme et l’espace, en constante interaction avec le réel.